Wouah !
Déjanté, époustouflant, magnifique, psychédélique, les mots virevoltent et s'envolent comme les notes de musique sur une partition vive et l'on entend clairement les sons de cette poésie.
Un stylo de qualité, du papier bien grammé, un roman épistolaire ; une tête bien faite au cerveau hanté, habité, dérangé, obsédé, un roman psychologique ; un voyage pseudo-spatial, une intelligence artificielle qui bugge, la cryogénie digitale, un roman de science fiction ; des cadavres et du sang, des meurtres sans queue ni tête, un thriller palpitant ; une quête mystique, un essai ésotérique ; des restaurants à gogo, fil du roman, un guide gastronomique ; voilà, c'est à peu près tout, c'est juste génial.
Un roman « meuble à tiroirs » ; un chapitre, un tiroir, ouvert d'une manière aléatoire sur un indice qui éclabousse l'histoire d'une lumière nouvelle. A chaque personnage son histoire, et chaque histoire se recoupe pour finalement se recentrer sur le fil de la quête insensée, infernale du personnage principal. Et c'est passionnant.
« … La nourriture est la mémoire, Nina. Le lait se souvient du goût de l'herbe mangée par la vache. Le vin se rappelle le temps qu'il faisait pendant les semaines précédant le moment où les raisins ont été pressés. »
« … Puis au Misty's Boutique pour un repas si fade et sans prétention que je doute qu'il ait même l'ambition de devenir de la merde. Il restera probablement dans mon colon à bâiller. »
« La pire des horreurs pour moi n'est pas la possible fin de l'humanité mais la survie éternelle de notre Empire de Stupidité. »
« Eh bien, laissez-moi vous dire ce que vous devez absolument faire. Vous devez aller vous faire foutre. Mais vous ne le ferez pas car vous êtes le Touriste. Vous êtes pire que la peste, pire que la guerre parce que, malgré le fait qu'elles soient destructrices, elles sont relativement brèves. Votre règne de destruction culturelle ne finit jamais. »
« Le biscuit propitiatoire délicatement plié avait la couleur du blé au soleil. Il était facile à briser et le petit coin que je mangeai sembla disparaître sur ma langue et laisser une succession de saveurs qui mélangeaient et jouaient avec l'espace et le temps. Les saveurs n'étaient pas complexes ni exotiques. Elles étaient juste tellement parfaitement équilibrées que j'espérai qu'il s'agisse d'un poison et que ce soit la dernière chose que je goûtais. »
« Pour tomber amoureux de quelqu'un, il faut être aveugle à leur vérité. C'est facile de tomber amoureux de fantasmes. »
Ébouriffant, amusant, décalé, perturbant, une plume fluide, riche et colorée, un rythme soutenu, un humour souvent grinçant, des personnages étranges et attachants, un style carrément unique et enfin, une histoire rocambolesque et infinie.
J'ai adoré :-)