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8 mai 2019 3 08 /05 /mai /2019 15:55

 

Héhé, un livre rouge qui fait partie des « Introuvables » et qui est pas mal du tout :-)

 

Seconde moitié du XVème siècle, bataille de Bosworth, avant-dernier épisode de la Guerre des Deux Roses, prélude à ce roman qui nous plonge directement dans les tensions qui règnent toujours quelques décennies plus tard entre les grands d'Angleterre. Cette guerre civile n'est pourtant pas la seule à gérer, il reste les conflits constants entre l’Écosse et l'Angleterre qui seront résolus par le traité de Paix Perpétuelle signé entre Henri, conte de Richmond, premier roi de la lignée Tudor et Jacques IV, roi d’Écosse en 1502. Avant de signer ce traite, il faut voir comment le concrétiser, et pourquoi pas par des mariages. Le roi va montrer l'exemple et puis, bien sûr, ses nobles devront suivre même si cela ne plaît pas à tout le monde !

 

Et nous voilà en plus cœur de notre roman où les deux personnages principaux seront en butte constante entre deux nations, deux cultures et plein d'antagonismes. D'une plume vivante, primesautière et truffée d'humour, l'auteure nous fera traverser cette 'épreuve maritale' d'une manière des plus amusantes.

 

« Pour avoir eu la bêtise de lui faire confiance, il serait accusé de trahison. Au mieux, il perdrait ses terres et ses titres. Au pire, il perdrait la vie. »

 

« Mais l'honneur m'oblige à confesser que mes belles idées sur l'argent à gagner avec les tournois, les métiers à tisser et autres, sont typiquement écossaises. Les Écossais sont près de leurs sous, voyez-vous. »

 

Un livre comme je les aime et qui se termine beaucoup trop vite à mon goût ;-)

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10 avril 2019 3 10 /04 /avril /2019 09:20

 

Un petit divertissement, une lecture facile malgré la gravité des sujets abordés, un moment d'intimité avec l'auteure qui se livre tout en restant un peu trop en retrait. C'est, je crois, cette sensation de superficialité qui m'a le plus dérangé dans ce roman et qui fait que je n'ai pas vraiment pu m'attacher aux différents personnages.

Les liens mère/enfant sont des liens qui nous concernent tous, on a tous une mère. Ici, c'est le grand jeu, il y a quatre générations et on découvre, en toute fin du roman il faut le dire, que l'arrière-grand-mère a un secret qui explique sa relation froide et difficile avec sa fille. Fille qui devenue mère aura un moment de vide et disparaîtra pendant un an sans rien dire à ses enfants, à sa fille aînée qui imaginera alors tout et n'importe quoi et surtout creusera un fossé profond entre elle deux. Fille aînée qui enfin maman à son tour sera profondément marquée par l'issue tragique de sa deuxième grossesse au point d'en faire un sujet tabou, un moment qui n'a pas existé, un nouveau secret de famille. Une chaîne de secrets qui au lieu de raffermir les liens les a complètement éclaté.

Donc, finalement, un roman écrit comme on parle et ce pendant les trois cent cinquante premières pages. C'est un peu gnangnan parfois, un peu lassant aussi car plat et vide, un peu énervant enfin car j'ai eu l'impression de ne pas avancer alors que le roman se lit très vite. Et ouf, les cinquante dernières pages arrivent et là, on est au cœur du problème et les lettres se font plus belles, les mots se font plus riches et le récit devient une histoire vivante.

 

« Les gens me félicitent de ne pas avoir sombré, de rester à la surface malgré la tempête. Ils me trouvent courageuse. Je suis tout le contraire. Si je me débats, c'est que j'ai peur. Parce que je sais que si j'arrête d'avancer, je vais couler tout au fond. »

 

« La joue contre le sol, le souffle court, le dos trempé, le cœur au galop, je prends la décision la plus importante de ma vie. Le sport et moi, c'est terminé. »

 

Une auteure découverte grâce à la boîte à livre du brocanteur de mon village. Pas vraiment un coup de cœur et pourtant, je sens que la plume a du potentiel.

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6 avril 2019 6 06 /04 /avril /2019 17:49

 

Après Imhopep, initiateur des constructions « éternelles » de l’Égypte pharaonique, je reviens à une période plus récente, et remonte au milieu du deuxième millénaire avant JC.

Néfertiti, connue surtout par son buste peint qui a révélé au monde sa grande beauté, se retrouvera à l'instar d'Hachepsout un gros siècle plus tôt, à la tête de l’Égypte en temps que reine-pharaon. Et si la seconde pouvait y prétendre par son ascendance, la première y est arrivée juste par la volonté de son époux le pharaon Akhenaton.

 

L'histoire de ce couple est assez particulière, on se trouve face à un homme profondément mystique devenu pharaon suite à la mort de son frère aîné. S'il ne manque pas d'intelligence, il est tellement pris par sa foi nouvelle en un dieu unique, Aton, qu'il en oublie la gestion de son pays. Sa seule raison d'exister est alors de diffuser partout dans le monde sa vision d'une religion monothéiste au détriment des autres dieux en vigueur et notamment la puissante église du dieu Amon. Il construit partout de nouveaux temples, il élève même une nouvelle capitale à partir de laquelle il va gouverner, et pour accomplir tout cela, il puise dans les immenses réserves des autres lieux de culte ce qui ne va pas plaire à tous…

 

Et Néfertiti dans tout cela, est bien, ce n'est pas par la beauté de l'homme qu'elle a été éblouie ni même par sa position mais bien par la richesse de sa parole. Elle semble avoir été complètement subjuguée par cette idée d'un dieu de bonté, de simplicité, d'égalité, de non violence, d'amour et de beauté qui donne à tous les mêmes possibilités. Contrairement à son royal époux, elle se rend vite compte que le peuple n'est pas satisfait, que les pays limitrophes profitent de la situation pour entrer en rébellion ouverte, que la direction d'un grand pays doit passer par la gestion de l'administration ainsi que l'élaboration d'une armée forte et entraînée pour maintenir la paix avec les voisins. Et voilà comment insidieusement, elle se retrouve à la tête administrative du pays bien affaibli par les lacunes de son époux.

 

L'auteur nous conte cela avec beaucoup de poésie et est même très précis pour ce qui est des faits rapportés. Le début et la fin du roman sont très agréables à lire car l'auteur en plus de s'inspirer de sa connaissance de l’Égypte de l'époque, utilise son imagination pour nous rendre le tout dynamique et bien vivant. Le milieu, la grande partie du roman donc, retrace au plus près la vie du couple Akhenaton et Néfertiti en enchaînant description sur description de temps en temps entrecoupées de quelques dialogues. Cette précision obtenue par la retranscription en belles lettres des différents bas-reliefs et papyrus retrouvés rend la lecture un peu lourde et fastidieuse même si tout est vrai.

 

« Tu crois savoir lire parce que tu déchiffres les signes, mais en vérité tu ne les comprends pas. Console-toi cependant, car rares sont les humains qui savent voir les choses cachées, qui vont au-delà des apparences, dont le regard pénètre dans le mondes des dieux dissimulé derrière le monde des vivants, car les vivants sont en réalité des morts et les morts sont des vivants. »

 

« La nuit est belle comme la mort car elle précède le jour, elle annonce le retour du soleil qui est toute vie, elle est le chemin obscur qui conduit à la lumière de la vérité. Comme il est beau ce crépuscule ! Et pourtant il l'est moins que l'aurore, car l'un est une fin, mais l'autre un commencement. »

 

« Et c'est ainsi qu'il risque de faire couler le navire dont il est le pilote, car s'il est bon qu'un nautonier ait le regard tourné parfois vers les étoiles, il faut aussi qu'il l'abaisse souvent sur le rivage afin de ne pas s'échouer dans la vase. »

 

« Tel est le bon plaisir du pharaon qui élève les humbles et abaisse les grands. »

 

Cela ne va pas m'empêcher de continuer à lire cet auteur qui, bien qu'autodidacte, nous entraîne toujours dans de magnifiques aventures. Un petit plus, il n'hésite pas à mettre ses sources ainsi que son cheminement de travail à la fin du roman et j'adore ça ;-)

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5 avril 2019 5 05 /04 /avril /2019 21:53

« Les cadeaux de Dolly » d'Ellie B. « Quelle réussite ! Avec les deux petites têtes blanches des chats, l'ensemble forme un tableau parfait, aux airs poupins sans plus rien de kitsch, une nature morte, pour ainsi dire, comme personne n'en avait jamais créée avant. » Texte court, vocabulaire simple, histoire sanglante, c'est certain mais plate et sans intérêt. Une nouvelle sans message qui ne bouscule même pas nos émotions.

 

« Post-partum » de Stéphane Blanchet. « Le pire, c'est Noël » et déjà la nouvelle s'annonce bien. Et ça se confirme, bien écrite, bien ficelée, on y retrouve même un peu de cette émotion ressentie lors de la lecture de « La petite fille de Mr Linh ».

 

« Glacial » d'Annabelle Blangier. « C'était le soir de Noël, et il avait treize ans. Sans qu'il le sache, sans qu'il en ait conscience encore, son cycle venait de commencer. » La genèse et la terrible fin d'un jeune criminel. Une nouvelle bien menée, pas trop mal écrite et qui pourrait devenir un tout bon roman 'glacé'.

 

« Mon papi à moi » deVéronique Charrière. « Au cas où votre grand-père viendrait à ressembler étrangement au père Noël et qu'il se mette à fabriquer des jouets, je me méfierais à votre place. » En voici une bien sanglante qui se lit un chouia trop vite et son dénouement attendu arrive bien trop tôt. Quelle inspiration débordante et sanglante pour cette période normalement faste et joyeuse de Noël.

 

« Double éclat » de Pauline N. « Suzanne disparaît dans la nuit noire, couverte de sang, droite comme un i, le regard vide, sans expressions vers sa nouvelle condition... » Une nouvelle insipide, sans âme, sans frissons, juste du sang mais ça ne suffit pas.

 

« Christ délavé » de Marine Cesari. «L'espoir, c'est pour les croyants, mais même leurs dieux ont foiré. La seule vérité, c'est la folie. C'est ça qu'on essaie de combattre tous » Pas vraiment de grands frissons et de nouveau beaucoup, beaucoup de sang. Et tout ce sang versé en quelques pages sans vraiment donner de raison, sans permettre au lecteur de mieux cerner le personnage principal, laisse surtout une impression de platitude. Trois nouvelles qui se suivent et qui ont le même schéma d'action, c'est peut-être deux de trop :-p

 

« La Voix » d'Anne Feugnet. « Brice précisa que La Voix l'avait désigné pour écrire le grand livre qui changerait bientôt le monde des vivants, une nouvelle Bible, en quelque sorte. » Wouah ! Pas mal du tout, la nouvelle la plus réussie de ce recueil. L'histoire se tient et a un fil conducteur ; l'écriture est souple et inspirante, apte a créer l'émotion ; le personnage principal est attachant et la fin est très belle. On est loin ici d'un noël rouge sang et c'est parfait pour moi :-)

 

« « Docteur K » de Jean-François Vigneau. « Je suis le docteur K., médecin légiste à l'institut médico-légal, et je pratique mon ultime et plus belle autopsie. » Sujet facile pour un médecin urgentiste, sujet amusant finalement où le sanglant disparaît derrière la technicité du chirurgien. Pas mal mais pas transcendante non plus.

 

« Plaisir d'offrir » d'Yvan Bermond. « Soudain, ce fut comme une évidence. Elle tenait le cadeau parfait. » Eh oui, la corvée des cadeaux à Noël, une sinécure qui trouve ici une sorte d'apothéose pour ceux qui aime le genre. Pas mal écrit, l'histoire est bien menée mais un peu trop glauque pour moi. Mes limites dans le mauvais genre sont relativement vite atteinte :-p

 

« Alors il n'y a plus que le noir... » d'Hélène Duc. « Une fois, l'étoile placée à la cime et la crèche installée, tout le monde monte enfiler une tenue plus habillée. C'est déjà bientôt l'heure du dîner de réveillon. » Cette dernière nouvelle est pour moi la plus dérangeante. Elle m'a replongé dans une lecture de Dan Simmons que je n'ai jamais pu terminer, une lecture qui m'a donné la nausée et qui m'a fait refermer le roman très rapidement. La nouvelle est plus courte, j'en suis venue à bout mais je ne suis pas faite pour lire ce genre de littérature. Si cela s'écrit et se vend, j'imagine que cela doit plaire à un certain public :-p

 

En conclusion, voici un recueil de nouvelles assez disparates et de niveaux littéraires très différents. Le « sanglant », c'est pas mon truc mais je voulais tester une nouvelle fois pour voir. Ainsi, si certaines nouvelles sont juste insipides, d'autres sont clairement digne d'intérêt et les auteurs méritent d'être suivis. D'autres enfin, et surtout la dernière, sont pour moi trop flippantes et n'apporte aucun plaisir de lecture.

 

Un tout grand merci à Babelio et aux éditions Clair-Obscur pour ce recueil reçu lors de la dernière Masse Critique. Le roman est d'un beau format et en cadeau surprise, il contenait un tout beau signet qui reprenait l'image de la page de couverture.

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28 mars 2019 4 28 /03 /mars /2019 16:51

 

Passer d'Hatchepsout à Imhotep me fait remonter encore plus haut dans le temps et du IIème millénaire avant notre ère, je passe au IIIème.

 

Si la Reine-Pharaon a presque disparu de l'Histoire, on trouve sur elle quantité de références tandis que l'Illustre Médecin lui, n'a laissé que très peu de traces et pourtant, il a traversé l'Histoire en étant vénéré comme un Dieu. Quel étrange paradoxe !

 

Imhotep, médecin des pharaons, architecte visionnaire, maître de l'organisation, inventeur de la momification, créateur d'écoles dédiées, grand-prêtre du soleil, sage érudit enfin qui toujours milita pour la paix.

 

Imhotep, un génie qui a fait de l’Égypte des Pharaons un exemple dans le monde civilisé, un exemple que tous, on peut encore admirer aujourd'hui dans les musées et sur les sites archéologiques.

 

L'auteur maîtrise son sujet et nous offre sa vision de la vie de cet homme extraordinaire. Avec beaucoup d'imagination et une plume alerte, il trace une vie où les grandes réalisations sont bien ancrées dans le temps et où le reste nous permet de mieux connaître la civilisation égyptienne avec ses us et coutumes, les problèmes liés à la succession des pharaons souvent générateurs de rebellions et surtout l'importance de la vénération des Dieux.

 

« Le médecin passait toutes ses matinées auprès du pharaon. Il l'examinait longuement, méticuleusement même, ayant pris conscience que l'attention portée à son malade avait autant d'importance pour l'amélioration de sa santé que les remèdes prescrits ou les conseils prodigués. »

 

« Le charpentier de Nekhen lui dévoila alors le rêve qu'il berçait depuis longtemps : créer une architecture nouvelle, faite uniquement de pierres taillées, polies avec soin, assemblées les unes aux autres comme des briques ; défier le temps grâce à la solidité du nouveau matériau ; conquérir l'espace avec un étonnant monument, plus haut et plus majestueux qu'aucun autre. »

 

« Les trois conditions d'inviolabilité étaient maintenant réunies : un pouvoir central puissant réalisant l'union des Deux-Terres, une architecture durable basée sur l'emploi de la pierre, un clergé pieux et dévoué pour adorer le roi. »

 

Un récit captivant qui pèche malgré tout par de trop nombreuses répétitions et un style qui manque un peu de cette poésie qui souvent sublime l'aridité d'un texte.

Et sur ce, je continue mes lectures sur cette période de l'Histoire si longue, si riche et si exaltante :-)

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28 mars 2019 4 28 /03 /mars /2019 15:23

 

Quelle belle aventure, quelle magnifique histoire où l'Histoire est omniprésente.

 

Un premier roman grandiose qui retrace au plus près la vie de celle qui deviendra la première femme pharaon d’Égypte, Hatchepsout (env -1500, -1457).

Une enfant intelligente, curieuse et enthousiaste qui toute petite déjà a conscience de sa grandeur, de sa valeur. Rapidement, elle saura s'entourer des meilleurs pour l'entraîner militairement, pour l'instruire des difficultés politiques et économiques de la gestion d'un pays riche mais immense, pour lui inspirer la sagesse pour maintenir ensemble dans la paix une civilisation déjà bien mélangée.

 

Une grande Dame qui avait presque disparu de la liste des pharaons établie depuis bien avant les débuts de l'égyptologie moderne. Disparition due à l'effacement systématique de son nom sur les parties visibles de plusieurs monuments érigés pendant son règne. Effacement peut-être effectué par son propre successeur, son neveu, pour mettre en avant son propre personnage d'une lignée moins pure.

 

L'auteur a fait un travail de recherche immense pour collationner, au temps où internet n'existait pas, une documentation riche et détaillée sur la vie de cette femme extraordinaire pour son temps.

Une plume vive et colorée nous raconte alors une histoire où tous les personnages sont dans l'Histoire, où tous les monuments se retrouvent encore sur site et où les expéditions militaires et économiques réalisées sont encore lisibles maintenant.

Une histoire riche en rebondissements, une histoire fabuleuse qui date du deuxième millénaire avant J.-C et qui n'a pas pris une ride.

 

« Nous transmettons la lignée et aucun homme ne peut devenir lui-même pharaon s'il n'épouse une femme de pure lignée royale, dont le père ait été pharaon. »

 

« L'été tirait à sa fin et, depuis les montagnes du Sud, Isis commençait à verser les larmes bénéfiques qui allaient inonder la vallée et pousser les navires vers l'inconnu. »

 

« Ils vous aiment encore, Majesté, mais ils ont déjà oublié la paix et la prospérité que vous leur avez offertes. Ils ne rêvent plus que de conquêtes. »

 

Une biographie comme je les aime, super bien documentée et à peine romancée. Tellement bien en fait que je vais continuer à approfondir mes connaissances de la civilisation égyptienne tout en allant d'un auteur à un autre :-)

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17 mars 2019 7 17 /03 /mars /2019 17:09

 

Wouah, encore, et pourtant je suis difficile :-)

 

Un véritable travail d'historien pour ce roman rouge magnifique qui décrit la transformation de Margaret Anne Bulkley (Libby Shaw dans le roman) en James Barry (Joseph Smart dans le roman).

 

La vraie vie de Margaret est déjà un véritable roman, enfant intelligente et espiègle, elle sera élevée dans un milieu élitiste malgré la mise en prison de son père pour dettes. Elle aura alors un rêve et fera tout pour le réaliser. Pas toute seule bien sûr, car pour devenir chirurgien en étant une femme en ce XIXème siècle très machiste elle aura besoin de l'aide de personnes éclairées et assez bien placées dans la société. De jeune fille du monde, elle deviendra un jeune homme et gardera ce déguisement pendant ses études ainsi que pendant toute sa vie active et même après avoir pris sa retraite. Et ça va marcher, elle deviendra chirurgien militaire, recevra de nombreuses médailles, voyagera dans le monde au grès des nombreuses guerres auxquelles elle participera et sera enterrée en tant que James Barry. Son dossier aux archives militaires britanniques sera classé confidentiel jusqu'au milieu du XXème siècle et ce n'est qu'en 1958 que son histoire éclatera au grand jour. Chapeau pour cette femme qui a fait passer ses rêves au-dessus de sa propre identité !

 

On découvre dans ce roman, non seulement une petite partie de l'histoire de cette demoiselle déterminée mais aussi les pratiques des écoles de médecines. On y retrouve notamment, ce qui existe encore aujourd'hui, les dynasties de médecins ainsi que l'acharnement de certains à se démarquer et à passer devant les autres au prix des pires forfaitures. On y dévoile aussi les filières criminelles associées aux écoles pour fournir les futurs médecins-chirurgiens en cadavres frais. Je vous rassure, ça, ça n'existe plus chez nous de nos jours ;-)

 

Comme c'est un roman rouge, il faut aussi un peu de piment et tant qu'à faire pourquoi pas via le biais de la peinture. Les peintres sont comme les médecins des observateurs de la nature humaine et surtout de leur enveloppe charnelle qui est un des piliers de l'anatomie. Anatomie indispensable à connaître sur le bout des doigts pour tout chirurgien qui se respecte. Ainsi l'auteure nous fait rencontrer Charles Bell (1774-1842) contemporain de notre héroïne, chirurgien-anatomiste et peintre qui aidera les artistes à mieux cerner le corps humain.

 

Voilà, le fond est génial et pourtant, je ne vous ai pas tout dévoilé et le style est plein d'humour, de poésie, de modernité et de spontanéité. Un mélange parfait qui fait de ce roman, un livre « rouge » parfait.

 

« Avec sa volonté de fer, sa force qui frôlait souvent la vulnérabilité et son regard qui pétillait d'intelligence, sans oublier ses lèvres de rêve, elle allait le tuer à petit feu. »

 

« Il lui avait suffi de quelques minutes pour comprendre que ces parangons de vertu étaient bien plus contrariés d'apprendre qu'une femme avait réussi des études de médecine que de savoir qu'une jeune fille de bonne famille vivait avec un homme. Quelle hypocrisie ! »

 

Une auteure que je ne connaissais pas et que je découvre via un quatrième tome… Bon, faut juste que je trouve les trois premiers de la saga maintenant ;-)

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16 mars 2019 6 16 /03 /mars /2019 17:51

 

Reçu dans le cadre de la dernière Masse Critique, ce livre me replonge dans une de mes passions, la cuisine et son histoire au fil du temps. Ici, l'auteur se restreint à l'histoire du restaurant en France ou plutôt, à l'émergence des restaurants en France et à Paris particulièrement.

 

Le restaurant existe déjà à Londres tandis que Paris se contente d'auberges, de traiteurs, de rôtisseurs, de pâtisseries. Le premier à entamer le chemin vers le restaurant est Antoine Beauvillers qui sent venir le vent du changement. Un peu avant la révolution, il ouvre son premier établissement sur le modèle anglais et va, de ce fait, à l'encontre des différentes chartes de métier en vigueur pendant l'ancien régime. Et son idée plaît et la révolution est aux portes ; les nobles s'en vont ou se font couper la tête, reste alors sur le tapis les cuisiniers des hôtels particuliers, leur savoir-faire et leur batterie de cuisine !

 

Et c'est parti, la nouvelle bourgeoisie, riche de l'extorsion des biens de l'ancienne, va profiter de ses avoirs mal-acquis en faisant la renommée et la richesse, il faut le dire, de ces nouveaux chefs qui créent eux-mêmes leurs établissements aux endroits les plus en vue de Paris. Et ces endroits évoluent au grès du temps et surtout de la mode, et la clientèle choisi ses propres établissements en fonction de ses affinités. Les écrivains se retrouveront à tel endroit tandis que les politiciens dans tel autre, et alors, autour d'un menu pantagruélique au prix astronomique parfois, ils discuteront de la restauration de cette France bien amochée tout en buvant allègrement le vin venu des caves des palais et châteaux dévalisés.

 

La restauration a pris son envol et la gastronomie suit et l'on trouve alors des journalistes du goût et les premiers guides gastronomiques. Ce n'est pas tout, des écrivains gastronomes vont travailler à l'élaboration de la physiologie du goût et de la méthode du bien manger en société choisie. Les chefs eux-mêmes vont s'y mettre et voilà les vrais premiers livres de cuisine édités pour le bonheur de tous.

 

Drôle quand même d'imaginer que cette révolution culinaire à pris son essor à la révolution française et que la terreur à vu la gastronomie naître. Une gastronomie bien française qui sera dès lors reconnue dans le monde entier !

 

« Sur le boulevard, la profusion culinaire règne. On peut tout, ou presque tout, y manger, à des prix fort différents mais élevés de préférence, puisqu'on y paye une place privilégiée – tout simplement au centre du monde. »

 

« Les aliments, s'ils sont de qualité et bien préparés – cette reconnaissance est précisément l'objet du jugement gastronomique - , produisent une substance vitale par laquelle l'homme survit et se développe dans l'histoire. »

 

« D'une élite à l'autre, mais un commun plaisir de manger : le restaurant permet de transférer dans la sphère bourgeoise le rite culinaire de l'hôtel particulier aristocratique. »

 

Un livre passionnant pour qui s'intéresse au monde de la cuisine ; ainsi, chaque chapitre se termine par quelques recettes bien choisies des chefs mentionnés dans ces derniers.

Un document assez barbant à lire vu les nombreuses énumérations et répétitions qui ruinent le style et nuisent à la teneur du texte et donc à l'analyse de l'auteur.

Une étude amusante qui m'a fait à nouveau feuilleter les nombreux anciens ouvrages de cuisine que j'ai à la maison et notamment ceux cités dans ce beau livre.

Lire une recette de cuisine dans un vieux recueil est pour moi un régal, j'aime les vieilles tournures et les anciennes manières.

Et voir une même recette évoluer de chefs en chefs au fil du temps est une magnifique mise en bouche d'où l'on sort juste affamé ;-)

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16 mars 2019 6 16 /03 /mars /2019 16:11

«Charlotte Isabel Hansen» de Tore Renberg.

Pas mal, pas mal du tout et pourtant, je ne l'aurai certainement pas acheté. Trouvé dans un boîte à livres, je l'ai pris car il avait « Le prix des lecteurs sélection 2012 », gros macaron rouge, scotché sur la couverture…

Et le prix est mérité !

 

C'est un style jeune ; c'est une histoire de jeunes ; jeunes adolescents qui boivent, fument et baisent librement dans une société nordique où ils sont rois ; jeunes étudiants qui boivent, fument et baisent tout en discutant sémantique et philosophie de la manière la plus absconse que possible. On est clairement loin de mes lectures habituelles, de mes romans historiques riches et documentés, de mes « livres rouges » où le romantisme et l'humour priment souvent.

 

Une découverte quand même que cet auteur qui n'hésite pas à dénoncer l'éducation nordique des enfants-rois, qui montre du doigt ou plutôt de la plume l'ineptie de certaines spécialisations universitaires qui mènent à des thèses où l'absurdie règne en maître où le maître-mot est juste d'être le plus incompréhensible possible pour être le plus glorifié ! Un auteur enfin qui montre tout son humour dans sa description du père, père issu d'une soirée trop arrosée, père qui ne se l'imaginait pas, ne le savait pas, ne pouvait pas l'envisager et devait quand même l'assumer, assumer une semaine avec sa fille de sept ans.

 

« On multiplie les rapports sexuels en se protégeant plus ou moins et avec plus ou moins de succès, et la fois où vous n'êtes pas présent, où seul existe votre corps baisant, cela aboutit à un enfant. Qui, à son tour, vous transforme en père. »

 

« Et si la liberté de ne pas prendre de responsabilités était un préalable à la pensée libre, critique et intellectuelle qu'il est fondamentalement de mon devoir de conquérir si je veux atteindre les sommets intellectuels que certains d'entre nous sont quand même censés viser ? »

 

« Il brillait, avait-il souvent pensé, cet essai, il brillait de la lumière de l'équivoque, de la grâce du manque de clarté, du bonheur de l'imprécision ! »

 

Et bien, j'ai bien aimé, j'ai apprécié les interrogations de ce thésard qui se retrouve désemparé par l'existence d'une fille de sept ans dont il devra s'occuper pendant une semaine.

 

Cet auteur norvégien s'est invité par hasard dans ma bibliothèque et j'en suis bien contente :-)

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10 mars 2019 7 10 /03 /mars /2019 16:51

 

Wouah ! Et encore une pépite bien cachée dans ma bibliothèque.

 

Je cherchais juste une lecture reposante et me voilà encore avec une lecture qui interpelle. Et pourtant, c'est juste un roman, juste la description d'une société très particulière, les Amish (les Justes dans le roman) qui continuent encore à vivre aujourd'hui aux Etats-Unis comme à la fin du XVIIème siècle.

 

Et là je me pose plein de questions, c'est vrai que notre société hyper matérialiste nous fait tous passer à côté de plaisirs simples mais, refuser l'innovation, même celle qui aide au travail de tous les jours, refuser les études à ceux qui pourtant auraient pu y prétendre, refuser la musique car elle n'est destinée qu'à Dieu le dimanche le jour de la prédication, refuser la couleur,les boutons et les miroirs car ce ne sont que vanités inutiles, refuser la violence même si c'est le seul moyen de s'en sortir, refuser de parler trop car ça appauvrit l'âme,…

Voilà une société où l’Étranger n'est pas accepté car c'est le Diable et là, tout est diablerie pas seulement boire et fumer, le téléphone, la voiture, le tracteur et aussi la charrue alors qu'ils sont principalement des cultivateurs et des éleveurs. Une société qui a une grande chance de survivre à un clash électrique comme dans « Ravage » de Barjavel car ils vivent toujours sans électricité sans eau courante sans confort moderne qui chez nous est devenu excessif, exemple ces planches de toilettes qui s'ouvrent et se ferment à l'approche du client…

Une société où les femmes n'ont rien à dire ; elles doivent soumission et respect aux hommes, elles doivent rendre compte en public de leurs pensées futiles, elles doivent toutes n'être qu'une seule dans un même vêtement, un même regard baisé, des mêmes gestes toujours et à jamais refaits pour suivre à la lettre le rituel, le tracé étroit de la Voie. Une société où les femmes sont finalement comme dans un couvent même si elles ont un mari et des enfants.

On ne devient pas Amish, on naît Amish, mais quel orgueil quand même d'imaginer qu'eux seuls ont la solution aux problèmes du monde… Quel orgueil démesuré que d'imaginer qu'eux seuls seront sauvés des pêchés de la terre… Quelle pauvre société qui croit se protéger du monde extérieur et qui manque cruellement de charité et d'ouverture d'esprit.

Bon, ça, ce sont juste mes questionnements…

 

La plume de l'auteure est vive et pleine de 'grâce', les événements se bousculent entre le village des Justes et le ranch à l'extérieur.

On est début du XIXème, le cours du bœuf dégringole, il faut en avoir toujours plus pour rentabiliser le ranch, il faut donc s'approprier les pâturages où paissent tranquillement les moutons de ces pauvres idiots quel qu'en soit le prix, un idiot de plus ou de moins, surtout un idiot qui ne se défend pas, ça n'a aucune importance.

Une épopée western dans toute sa gloire ! Il y a les bons et les méchants, les moutons et les taureaux, les filles innocentes et les putains, les vrais hommes et les vauriens, il y a surtout cette ambiance très particulière du Far West américain où tout semble possible et où, pourtant, tout est dépendant de la nature même de l'Homme.

 

« Chaque dimanche se ressemblait, chaque geste, chaque parole devait obéir au même rituel. C'était cela, la vie d'un Juste. Cette certitude que rien ne changerait, cette lenteur immuable du temps qui s'écoule toujours dans le même sens. Ce qui était serait toujours, sauf si la volonté de Dieu en décidait autrement. »

 

Une auteure dont j'ai encore quelques tomes à découvrir en réserve, une belle surprise :-)

Une auteure qui m'a fait redécouvrir la vie des Amish que j'avais déjà entrevue il y a très très longtemps lors d'un voyage aux States comme ils disent ;-)

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