Ce n'est clairement pas un coup de cœur et pourtant, ce n'est pas mal du tout…
Je m'explique, l'auteure écrit très bien, elle a beaucoup de pensées philosophiques, rarement amusantes, souvent morbides et elle s'est plongée dans la vie de Margot Woelk avec finalement très peu à sa disposition. La dernière goûteuse d'Hitler étant en fait décédée quelques mois après que l'auteure aie découvert ce fait historique dans un entrefilet, et elle n'a donc pas pu la rencontrer avant d'écrire son histoire.
Et ça se sent dans le roman, trop de basculements dans le temps, trop d'introspections et trop peu de détails de la situation réelle de la goûteuse même si le fil de l'histoire tient parfaitement à l'Histoire.
J'ai été très perplexe tout au long de ma lecture, il n'y avait pas grand-chose si ce n'est une drôle d'histoire d'amour qui pimente la deuxième partie et qui est la solution, peut-être réelle finalement, de l'auteure pour faire sortir Margot avant l'arrivée des russes en 1944 et l'extermination des autres goûteuses. Comme cette dernière n'a jamais rien dit avant ses 95 ans, en 2012, et que le peu qu'elle a raconté concernait surtout le régime végétarien d'Hitler et sa peur d'être empoisonnée, et comme elle est décédée deux ans après, on n'en saura pas plus…
Et c'est là que l'auteure pour moi a eu un coup de génie. La troisième partie, la plus courte, la plus poignante, celle qui donne le petit plus au récit qui en fait un tout bon roman. Il faut juste avoir la patience de lire jusqu'au bout !
« A la caserne de Krausendorf, nous risquions la mort tous les jours – mais pas plus que n'importe quel être vivant. Sur ce point, ma mère avait raison, pensais-je pendant que la chicorée craquait sous mes dents et que le chou-fleur imprégnait les murs de son odeur domestique, rassurante. »
« Si l'être humain avait vraiment été créé par Dieu, disait mon mari, crois-tu qu'il aurait inventé une chose aussi vulgaire que la merde ? Il n'aurait pas pu trouver une autre méthode, qui évite les résidus répugnants de la digestion ? La merde est une trouvaille si perverse que soit Dieu est un pervers, soit il n'existe pas. »
« Vingt-cinq mille volumes soustraits aux bibliothèques et une ligue d'étudiants en liesse, qui aspirent à être des hommes de caractère, pas des hommes à livres, qui manquent de nerf. »
« Enfermées dans la caserne, nous étions des soldats sans armes, des esclaves de rang supérieur, nous étions quelque chose qui n'existe pas et en effet, hors de Rastenburg, personne n'a jamais su que nous existions. »
« La punition avait fini par tomber : ce n'était pas le poison, ce n'était pas la mort. C'était la vie. Dieu est tellement sadique, papa, il me punit par la vie. Il a réalisé mon rêve, et maintenant du haut des cieux, se moque de moi. »
Pour info, la fin du récit est clairement inventée car Margot a bien retrouvé son époux après la guerre et ils sont restés heureux ensemble jusqu'au bout de la vie :-)