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6 mars 2019 3 06 /03 /mars /2019 14:37

 

Ce n'est clairement pas un coup de cœur et pourtant, ce n'est pas mal du tout…

 

Je m'explique, l'auteure écrit très bien, elle a beaucoup de pensées philosophiques, rarement amusantes, souvent morbides et elle s'est plongée dans la vie de Margot Woelk avec finalement très peu à sa disposition. La dernière goûteuse d'Hitler étant en fait décédée quelques mois après que l'auteure aie découvert ce fait historique dans un entrefilet, et elle n'a donc pas pu la rencontrer avant d'écrire son histoire.

 

Et ça se sent dans le roman, trop de basculements dans le temps, trop d'introspections et trop peu de détails de la situation réelle de la goûteuse même si le fil de l'histoire tient parfaitement à l'Histoire.

 

J'ai été très perplexe tout au long de ma lecture, il n'y avait pas grand-chose si ce n'est une drôle d'histoire d'amour qui pimente la deuxième partie et qui est la solution, peut-être réelle finalement, de l'auteure pour faire sortir Margot avant l'arrivée des russes en 1944 et l'extermination des autres goûteuses. Comme cette dernière n'a jamais rien dit avant ses 95 ans, en 2012, et que le peu qu'elle a raconté concernait surtout le régime végétarien d'Hitler et sa peur d'être empoisonnée, et comme elle est décédée deux ans après, on n'en saura pas plus…

 

Et c'est là que l'auteure pour moi a eu un coup de génie. La troisième partie, la plus courte, la plus poignante, celle qui donne le petit plus au récit qui en fait un tout bon roman. Il faut juste avoir la patience de lire jusqu'au bout !

 

« A la caserne de Krausendorf, nous risquions la mort tous les jours – mais pas plus que n'importe quel être vivant. Sur ce point, ma mère avait raison, pensais-je pendant que la chicorée craquait sous mes dents et que le chou-fleur imprégnait les murs de son odeur domestique, rassurante. »

 

« Si l'être humain avait vraiment été créé par Dieu, disait mon mari, crois-tu qu'il aurait inventé une chose aussi vulgaire que la merde ? Il n'aurait pas pu trouver une autre méthode, qui évite les résidus répugnants de la digestion ? La merde est une trouvaille si perverse que soit Dieu est un pervers, soit il n'existe pas. »

 

« Vingt-cinq mille volumes soustraits aux bibliothèques et une ligue d'étudiants en liesse, qui aspirent à être des hommes de caractère, pas des hommes à livres, qui manquent de nerf. »

 

« Enfermées dans la caserne, nous étions des soldats sans armes, des esclaves de rang supérieur, nous étions quelque chose qui n'existe pas et en effet, hors de Rastenburg, personne n'a jamais su que nous existions. »

 

« La punition avait fini par tomber : ce n'était pas le poison, ce n'était pas la mort. C'était la vie. Dieu est tellement sadique, papa, il me punit par la vie. Il a réalisé mon rêve, et maintenant du haut des cieux, se moque de moi. »

 

Pour info, la fin du récit est clairement inventée car Margot a bien retrouvé son époux après la guerre et ils sont restés heureux ensemble jusqu'au bout de la vie :-)

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6 mars 2019 3 06 /03 /mars /2019 14:25

 

Voici un témoignage de vie écrit sans fioriture qui bouscule et permet de relativiser les demandes, le toujours plus, de la société actuelle.

Margaret Powell est née en 1907, à Hove en Angleterre. Son enfance a été heureuse malgré le peu d'argent du ménage ; un rien, une ficelle, une châtaigne, un bouton, une bille, un buisson et le jeu commençait avec les autres enfants du village et on sent que l'auteure en tire une certaine fierté, tout à son honneur d'ailleurs. Entre l'école et les jeux de rue, il fallait donner un coup de main à la maison ; une grande fratrie, c'est l'école de la débrouillardise quand l'argent vient à manquer. Et toujours à cause de ce manque récurrent d'argent, Margaret a dû arrêter l'école à 13 ans malgré la réussite de l'examen d'entrée au collège.

 

Et commence alors, après une année de nombreux petits boulots, son entrée 'en condition', son entrée en esclavage pourrait-on dire au vu des conditions de travail. Petite main en cuisine, payée au rabais, nourrie de restes, logée dans des mansardes miteuses, et une journée de travail de plus de douze heures en prime… De 1920 jusqu'à son mariage, Margaret va passer de maison en maison, d'aide en cuisine à cuisinière tout en ne sachant pas vraiment cuisiner en fait car son apprentissage s'est résumé au récurage, à l'astiquage, à l'épluchage et courses diverses. Elle a donc profité de ses rares temps libres pour suivre à ses frais des cours de cuisine et rapidement, elle a fait l'achat d'un manuel de gestion ménagère, le livre de cuisine de Mrs Beeton, une référence en Grande-Bretagne. Même si au fil des années les conditions de travail et le comportement des « maîtres » ont beaucoup évolué, être 'en condition' est autant une vie contre nature que d'entrer au couvent, aucune liberté et un étrange sentiment d'être juste invisible sauf quand il y a un problème.

 

Margaret a écrit son expérience avec ses mots et ses tournures, elle se répète, elle est parfois très brutale dans ses jugements, elle est surtout très vraie et c'est cela qui fait la qualité de ce témoignage édité pour la première fois en 1968. Ce livre a notamment servi de référence à Julian Fellowes pour l'écriture de « Downtown Abbey » et c'est suite à la sortie de la série télévisée que le roman a été réédité et c'est une bonne chose !

 

Je pense que ce document devrait être lu à l'école pour que les jeunes et les moins jeunes se rendent compte que notre société est une société riche où sauf quelques cas, les gens ne manquent de rien et cultivent le matérialisme à tout va en oubliant de vivre tout simplement.

 

« Nous on n'avait rien, à part peut-être une vieille balle de tennis, mais c'est fou ce qu'on jouait bien avec trois fois rien. »

 

« Quand j'étais gamine il y avait un pub pratiquement dans toutes les rues, et dans certaines il y en avait même un à chaque bout. »

 

« Ça ne les dérangeait pas qu'on fasse de grosses journées, qu'on manque de liberté et qu'on soit mal payé ; du moment que c'était le Bon Dieu qui avait tout organisé pour que nous on soit tout en bas à trimer et qu'eux ils vivent dans le confort et le luxe, ça leur convenait parfaitement. »

 

« Encore maintenant, quand on voit une recette économique et qu'on vous dit que c'est pareil que l'original, c'est peut-être vrai pour ceux qui n'ont jamais goûté l'original, mais sinon on sent drôlement bien la différence. »

 

Pour terminer, j'ai quand même une petite frustration à la lecture de ce récit, il n'y a aucun conseil de cuisine et seulement une unique micro recette d'un hareng sauvé du compost et du bac à vaisselle :-p

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28 février 2019 4 28 /02 /février /2019 17:13

 

J'adore !

 

J'aime le style authentique de maître Parot, son sens profond de l'Histoire, ses personnages si humains et profondément attachants, ses promenades culturelles dans le Paris du XVIIIème siècle si bien documentées, ses intrigues toujours si proches de la vérité historique et ses interrogations qui dans le cas de ce roman rejoignent celles de notre époque où le peuple gronde quand la sphère politique se complaît dans sa bulle.

 

Chaque rencontre avec cet auteur est un véritable coup de cœur. Le choix d'écrire en vieux français m'enchante, les mots sont alors tellement plus vivants, plus gourmands, plus riants que ceux que l'on usent de nos jours. L'humour omniprésent est un plus qui me fait rire aux moments les plus critiques parfois. Et ses personnages, que l'on retrouve à chaque fois avec grand plaisir, sont pétris de l'amour que l'auteur leur porte et cela transparaît d'une si belle manière tout au long des différents romans.

 

C'est, en prime, un véritable régal pour qui aime les bonnes recettes de terroir  :-) Ainsi, juste pour vous faire saliver une petite mijotée de légumes qui m'a fait de l’œil :

 

« Nicolas la regarda, intéressé, préparer de petites pommes de terre, racine qu'elle lui avait fait connaître et qui commençait à se populariser, des carottes, des navets et des oignons. Elle jeta un peu de saindoux dans un poêlon, y fit légèrement prendre couleur les légumes, y coupa de longs morceaux de lard, les fit revenir et assaisonna le tout. Peu après elle y ajouta une laitue entière soigneusement lavée et couvrit le tout des petits pois. Enfin, une légère jetée de sucre acheva la préparation. Trois quarts d'heure de petit feu sur le potager et Nicolas s'attablait et se délectait du plat, sous le regard ému de Catherine. »

 

Cerise sur le gâteau, la toile de fond ! Une ambiance lourde de brouillards secs et teintés qui ne se dissipent pas, d'orages foudroyants qui se multiplient et tuent. Ambiance encore épaissie par cette odeur soufrée, pestilentielle, collante et mortelle pour les plus faibles qu'aucun courant d'air n'arrive à éliminer. Ambiance de fin du monde, de fin d'un monde ; annonce apocalyptique d'une société de plus en plus pressurée, annonce d'une révolution attendue…

 

Et pourtant, rien que de plus naturel ici, juste l'entrée en éruption d'une chaîne volcanique, le Lakagigar le 8 juin 1783 en Islande. Éruption qui va durer jusqu'en février 1784 et qui va provoquer l'étouffement d'une partie de l'Europe dont la France ; asphyxie liée aux nuages de cendres et aux 122 millions de tonnes de dioxyde de soufre émis dans l'atmosphère. Cette situation entraînera non seulement une surmortalité animale et humaine mais sera suivie d'une mini aire glaciaire qui aura raison des récoltes et provoquera de ce fait une période de famine, famine qui pour certains sera le déclencheur de la révolution française.

 

« Il y a plus d'apparence d'action dans l'immobilité que de vérité dans la précipitation. »

 

« Une fois de plus, et avec une sensibilité que sa maturité aiguisait, la cité lui apparaissait comme un Moloch destructeur d'existences, divinité dont le brillant faux-semblant dissimulait de bien ténébreux et redoutables mystères. »

 

« Si j'en juge par tout ce qui me parvient, et si l'on s'exerce à lire ce qui en ressort, je crains hélas que trop de puissances, aristocratiques ou financières, et je ne parle pas du clergé, semblent se disputer une renommée d'imprudence et d'arrogance et concourent pour tomber plus avant dans le mépris de la nation. Entendons avant qu'il soit trop tard ces avertissements. »

 

« J'aime vous voir dans cet état grinçant et plein d'alacrité. Quand l'acide est dans la tête, il n'est pas dans le pied et la goutte s'enfuit, effrayée. »

 

« Si l'on pressentait ce que le pouvoir signifie et que l'autorité qui en découle ne cesse de se heurter à d'infranchissables obstacles, on ne s'évertuerait pas ainsi pour s'en emparer… Oui, en vérité le fardeau est

lourd. »

 

Je n'ai pas encore épuisé mes ressources, il me reste quelques enquêtes de Nicolas Le Floch à découvrir et je salive déjà ;-)

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27 février 2019 3 27 /02 /février /2019 09:15

 

Magnifique, j'ai beaucoup de chance avec mes lectures en ce début d'année.

 

Une plongée dans le monde conventuel ; c'est magique, il y a du merveilleux et en même temps, c'est juste horrible, une torture de tous les jours pour les esprits éveillés et entreprenants.

Et si c'était juste de la fiction, on dirait une imagination débordante qui se base sur les principes de base du lavage de cerveau et de la torture pour briser le caractère de ces jeunes filles un peu trop rêveuses, un peu trop mystiques…

 

Mais non, l'auteure, avec beaucoup de talent littéraire, nous conte ici l'histoire religieuse de sa compagne dans la vie, une histoire qui durera quand même 17 ans !

 

Marie Louise Habets, jeune belge de 21 ans, entre au couvent par choix, pour accomplir son rêve, exercer la médecine au Congo. Elle s'appliquera à être une religieuse parfaite tout en accomplissant son métier d'infirmière aussi bien dans un hospice psychiatrique en Belgique qu'au Katanga. Une jeune femme tellement douée que cela ira à l'encontre de la sacro-sainte discipline du couvent où il n'est pas de bon ton d'être distinguée de la masse de la congrégation, où l'on doit de se fondre dans la communauté et juste faire son boulot sans prétention et sans orgueil. Difficile quand on a la conscience du travail bien fait, de la possibilité de sauver une vie malgré les circonstances, difficile quand on a un véritable don pour la médecine !

A coups de pénitences, d'introspections, d'autoflagellations, Marie Louise arrive à se convaincre qu'elle est proche de l'image de la religieuse qui traverse le siècle sans rides ni émotions et alors arrive la guerre, et tout ce travail sur soi, tout ce martyr plus ou moins accepté va voler en éclats.

 

Un témoignage profondément émouvant qui m'a perturbée par l'inhumanité de ce monde clos et uniquement féminin qu'est la vie dans un couvent au début du XXème siècle.

 

« Cette idée qu'elle ne serait plus jamais seule, physiquement seule, dans son propre univers, trouvait parfois Sœur Luc plus que tout autre aspect de cette vie contre nature qu'elle avait choisie. »

 

« La tendance au mysticisme est toujours un problème dans un ordre mixte comme le nôtre, où travail et contemplation vont de pair. Il se pose souvent chez les nouvelles professes. C'est toujours une chose magnifique, bien sûr, que de voir une jeune religieuse communiquer directement avec Dieu, mais, quand elle est ainsi transportée, elle est perdue, corps et esprit, pour la communauté ; il faut se charger de son travail. Et on ne peut jamais savoir si c'est vraiment du mysticisme ou simplement un de ces inconscients besoins de se faire remarquer, auxquels nous succombons toutes de temps à autre. »

 

« Tu marches, tu parles, tu écris même comme une religieuse. Mais tu n'en es pas une, pas encore. La discipline t'en a donné l'apparence, mais, sous cette coquille trompeuse, continuent à prospérer orgueil et vanité, attachement au monde et amour-propre. »

 

« La bonté est ce qui est le plus proche de Dieu et ce qui désarme le plus vite l'homme. »

 

« Dans tous les ordres, il n'y a pas de pire mortification que la vie en communauté… C'est un martyre à coups d'épingle... »

 

« Pourquoi les auxiliaires de Dieu seraient-elles réduites au silence par la cloche à l'heure où l'esprit cherche à communiquer ? »

 

Après son départ du couvent, événement rarissime à l'époque, l'héroïne a continué la guerre en tant que nurse dans les troupes anglaises et, en 1945, elle a intégré l'United Nations Relief and Rehabilitation Administration où elle a rencontré l'auteure qui y travaillait comme volontaire.

 

Le roman de cette vie « contre nature » est sorti en 1956 et le film bien connu avec Audrey Hepburn en 1959. Pour info, le roman n'est plus réédité depuis le décès en 1986 de Marie Louise Habets, héritière de sa compagne, car dans les ayants-droits figurent six sœurs qui n'ont pas pu être identifiées…

 

J'ai comme une petite envie de découvrir les autres romans de cette auteure même si « Au risque de se perdre » est son best-seller :-)

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20 février 2019 3 20 /02 /février /2019 19:40

 

Et comme souvent dans une trilogie, le troisième tome redevient à la hauteur du premier ;-)

 

Terminons notre petite page info sur la guerre de sept ans entre britanniques et français sur la frontière entre l'état de New York et la Nouvelle France. Guerre qui se termine aux Amériques en septembre 1760 avec la chute de Québec et la capitulation du marquis de Vaudreuil et donc, la victoire des anglais.

Fort Edward (Fort Elizabeth dans les deux premiers tomes) : une des trois plus importantes places fortes de l'empire britannique à l'époque de la guerre de sept ans. Un fort très particulier car situé sur un des bras de l'Hudson à proximité d'une île qui sera baptisée : Rogers Island. Cette île reliée au fort par un pont flottant sera le campement des Rangers ainsi que des indiens Mohicans, leurs alliés, pendant toute la durée de la guerre.

La grande force des Rangers peut se résumer en quelques points : la connaissance du terrain, l'art de se dissimuler et de progresser sans bruit dans la forêt, la loyauté, le courage, la volonté de protéger leurs familles et garder leurs terres, et surtout, le respect de 28 règles essentielles. Ces règles ne ressemblaient en rien à celles classiques appliquées par les 'tuniques rouges' ; ces règles sont d'ailleurs toujours la base chez les Rangers de la US Navy.

Il faut dire que sans les Rangers et les Mohicans, même en grande supériorité numérique, les britanniques auraient eu beaucoup plus de mal à remporter la victoire !

 

« Si vous avez une chanson dans la tête, chantez-la. Même les anges chantent. »

 

« Aujourd'hui, j'ai mangé de la sève d'arbre et du lapin bouilli, de vieux oignons et des pommes de terre germées, des carottes dures comme du bois, des haricots montés en graine, et c'était délicieux. Un festin. »

 

C'est avec beaucoup de justesse que l'auteure nous décrit alors la vie sur la frontière, vie exaltante, pleine de dangers et de rebondissements. Sa plume alerte et truffée d'humour, nous promène d'un village indien au fort Edward, de l'île aux Rangers à la frontière, d'un moment paisible dans une nature de toute beauté au désordres sanglants d'une guerre sans merci.

Une toute bonne lecture qui m'a beaucoup appris sur cet épisode particulier de l'Histoire américaine.

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20 février 2019 3 20 /02 /février /2019 19:31

 

Pas vraiment à la hauteur du premier opus, il reste néanmoins une lecture agréable et instructive.

 

Reprenons notre petite page info sur la guerre de sept ans entre britanniques et français sur la frontière entre l'état de New York et la Nouvelle France.

Fort Carillon (Fort Ticonderoga pour les anglais) : 1759, la campagne de printemps se prépare et le fort commandé par Bourlamaque, un des commandants de Montcalm, s'active à renouveler son exploit de l'année précédente. Le but du jeu cette fois est de le maintenir le plus longtemps possible et sans pertes inutiles aux mains des français pour ralentir l'avancée britannique sur Québec. Le gros des forces, toujours aussi peu nombreuses d'ailleurs car ce nouveau continent ne semble pas être la priorité de Louis XIV, étant déjà positionné là-bas.

La France peut, à ce moment-là, perdre sa colonie aux Amériques et ce n'est pas rien !

Du côté britannique, le général Abercrombie a été remplacé par le général Amherst et c'est une tout autre histoire. Tout aussi british que son prédécesseur, il est néanmoins beaucoup plus avisé, plus intelligent, plus orgueilleux mais tout aussi inhumain surtout en ce qui concerne les rangers et les indiens.

 

« Nous devons faire un exemple. Je préfère le gibet au peloton d'exécution, car la pendaison cause davantage de souffrances dont le spectacle répand la terreur parmi ceux qui regardent. »

 

Et finalement, la bataille n'aura pas lieu… Bourlamaque, se repliera discrètement avec ses troupes vers le Nord et laissera le champs libre aux troupes de Amherst qui investiront et s’approprieront le fort après quelques coups de canon bien tirés.

Et Fort Carillon redevient alors Fort Ticonderoga.

 

Dans ce roman, l'auteur a mis en avant une question difficile à trancher à savoir où est la ligne à ne pas franchir pour un soldat prisonnier entre espionnage, trahison et désertion.

 

« La luxure sans frein peut changer un homme en bête, mais le désir tempéré par l'amour peut faire de lui un saint. »

 

« Nous sommes davantage des frères que des soldats, et c'est cette spécificité qui fait de nous des rangers. »

 

« Était-ce cela, vivre en famille ?… Ce pardon facile cette indulgence, cette gentille et chaleureuse amitié librement donnée et qui ne réclamait rien en échange ? »

 

J'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver les différents personnages fictifs et historiques du premier volume ainsi que la verve pleine d'humour de l'auteure.

J'ai quand même un peu regretté les trop nombreuses répétitions liées au questionnement du prisonnier ainsi que la surabondance des moments 'rouges'. Un peu, c'est génial ; de trop, ce sont des pages qui n'apportent pas grand-chose au récit.

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20 février 2019 3 20 /02 /février /2019 18:20

 

Pas mal du tout !

 

La guerre de sept ans ou encore « The French and Indian War » ou encore l'épisode américain de ce que l'on pourrait appeler la toute première guerre mondiale.

De 1754 à 1763, sur différents fronts, l'Empire britannique et la France se sont battus pour agrandir, consolider, maintenir leur empire colonial.

En Amérique du Nord, le front était la frontière entre l'état de New York et la Nouvelle-France. Frontière sur laquelle il ne faisait pas bon vivre pour les colons, frontière égrainée de différents forts qui au fil du temps passaient des mains des anglais aux mains des français et vice-versa au prix de nombreux carnages.

 

Fort William Henry : Fort construit en 1755 sur la frontière par les anglais pour se protéger des incursions françaises. En 1757, prise du fort britannique tenu par Monroe par les troupes françaises commandées par Montcalm. Massacre d'une partie des soldats anglais prisonniers ainsi que de la population civile par les indiens, guerriers des Sept Nations, qui faisaient partie des milices françaises.

Fort Ticonderoga (Fort Carillon pour les français) : 1758, défaite cinglante et sanglante du général britannique James Arbercrombie face au fort tenu par les troupes françaises du marquis de Montcalm.

La force des français à ce moment du conflit n'est pas le nombre car clairement ils étaient en infériorité flagrante mais la confiance des généraux en leurs milices. Les stratèges anglais qui avaient déjà des troupes de Rangers alliés aux indiens Mohicans n'avaient confiance qu'en leurs soldats et à l'ancien ordre de bataille...

 

L'incompétence d'un général stupide, la loyauté des soldats aveuglément obéissants, la bravoure et le courage des Rangers et des Mohicans, un bain de sang...

 

« A six reprise, Abercombie avait lancé l'attaque, et à six reprises les officiers avaient scrupuleusement obéi, conduisant leurs troupes à la boucherie au nom de la loyauté, respectant l'arrogante inconscience, l'incurie de leur commandant en chef. Et tout cela pour quoi ? Le rempart de pieux était toujours intact. »

 

Bon, qu'on ne s'y trompe pas, il s'agit bien d'un livre « rouge » comme je les aime :-)

Un fond d'Histoire super bien documenté, beaucoup d'humour, de l'amitié et de l'amour à revendre, un soupçon d'érotisme et, cerise sur le gâteau, des Highlanders, fils et petits-fils survivants de Culloden, pour la troupe de Rangers, un tout bon moment de lecture entrecoupé de longues pauses sur internet pour approfondir mes connaissances.

 

« Quel effet cela ferait-il de sentir à nouveau de la terre sur ses mains au lieu du sang ? De voir sortir des plantes du sol au lieu d'y creuser des tombes ? D'entendre des vagissements de nouveau-né au lieu des cris d'agonie ? »

 

« A la veille d'affronter la laideur et la mort, ces êtres courageux rendaient hommage à la beauté et à la vie. »

 

Fin du premier volume de la saga, je plonge illico dans le tome deux car les personnages, fictifs et historiques, me manquent déjà :-p

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13 février 2019 3 13 /02 /février /2019 16:32

 

Magnifique !

Quelle fresque époustouflante que ce Paris autour du 4 mai 1897, date de l'incendie du Bazar de la Charité si prisé par ces Dames de la haute société soit pour y tenir un comptoir soit pour s'y faire voir.

Quelle plume flamboyante qui en quelques traits nous plonge dans l'horreur la plus noire où le courage et l'abnégation des uns côtoient la lâcheté et l'ignominie des autres.

Quelle société que ce monde aristocratique où la sécheresse de cœur semble une vertu, où la liberté des femmes se déploie dans une hypocrisie bienfaisante et bien pensante, où la religion cache une ivresse de pouvoir et de vengeance, où la médecine même s'allie à l'Homme pour briser en toute impunité les plus fragiles.

Quelle personnage enfin que la Duchesse d'Alençon, enfant sauvage et ivre de liberté comme sa sœur Sissi, qui sera sa vie durant emprisonnée dans le carcan de la Société, dont la lumière intérieure sera étouffée par cette médecine si particulière des aliénistes et qui ne pourra alors retrouver un semblant de vie que dans un dévouement excessif et quasi morbide aux personnes les plus pauvres, les plus malades, les plus contagieuses…

 

Un roman où l'amour transcende les plus grandes bassesses, les pires méchancetés, l'intolérance et le mépris.

Un roman d'une grande humanité où l'Histoire se retrouve au fil des pages dans ces coupures de journaux qui pendant les semaines qui ont suivi l'incendie ont maintenu Paris et une grande partie de l'aristocratie de l'époque en grand deuil.

 

« Si ces vertueuses dames patronnesses ne visaient pas à panser les plaies d'une société foncièrement inégalitaire, elles s'employaient à en apaiser les convulsions et à faire accepter aux pauvres l'injustice de leur destin. »

 

« Elles jaillirent comme accouchées par les flammes, deux formes titubantes et dansantes, flambant dans leurs vêtements, hurlant le plus vieux hurlement de la terre, torturées jusque dans leur âme. Le feu les étreignit encore pour quelques pas de valses forcée, riant de leur calvaire, avant de les rejeter sur l'herbe, tous leurs cris consumés, leurs faces noirâtres crispées dans un dernier rictus qui n'en finissait pas, bras repliés le long de leurs corps rongés jusqu'à la cendre. »

 

« S'il était irréel qu'une créature aussi raffinée que l'homme pût frire comme une côte de bœuf, le voir de ses propres yeux, c'était mordre par surprise dans le fruit de l'arbre de la connaissance. »

 

« Sa haute silhouette cassée par la scoliose transpirait la passion avaricieuse du pouvoir, l'ivresse de l'ascendant sur les autres, cette vengeance de son être contrefait réparant l'humiliation d'avoir été écartée de la vie mondaine qui lui était due. »

 

« Pour les hommes, le risque infectieux venait de la luxure. Pour les femmes, de ce christianisme qui ordonnait d'aimer les pauvres. Plus la peur des pauvres asphyxiait le haut de la société, creusant l'abîme entre les hôtels particuliers et les taudis, et plus l'injonction de charité se faisait impérieuse, tyrannique. »

 

Difficile de critiquer un tel ouvrage, il faut juste le lire :-)

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9 février 2019 6 09 /02 /février /2019 17:15

 

Une lecture plaisir qui, ma foi, m'a fait beaucoup rire et ça, ça fait un bien fou.

 

L'auteure, que je ne connaissais pas, maîtrise parfaitement le genre. Elle mélange savamment amour, humour et érotisme tout en gardant en toile de fond les mœurs et règles de la société anglaise du début du XVIIIème siècle.

Ainsi, l’arrogance de la haute aristocratie même complètement ruinée, le mépris de cette dernière pour les commerçants et entrepreneurs, la frivolité de ces jeunes 'coqs' quand il s'agit de ruiner la réputation des jeunes provinciales de bonne famille, l'indifférence de cette classe sociale vis-à-vis du bien-être des ouvriers, l'interdiction pour les bonnes et valets de convoler en justes noces, et j'en passe.

 

Une plume légère et souvent impertinente, des personnages bien campés et très attachants, des situations des plus cocasses et finalement, le tout, dans un contexte de bibliothèques de prêt, de mathématiques et d'excavations minières, voilà un mélange qui me plaît beaucoup.

 

« Je vous aime bien, dit-elle. En quelque sorte. Un peu. Enfin, je ne vous déteste pas. »

 

« Le mariage est une aventure pour les deux époux. Considère ses bons côtés, comme tu le ferais pour n'importe quel ami. Offre-lui ta loyauté, accorde-lui le bénéfice du doute, trouve des raisons de rire avec lui et ne t'inquiète pas si les premiers jours sont un peu chaotiques. Cela fait partie du jeu. »

 

« Avant d'être une activité géologique, l'extraction minière était une activité mathématique. Sans de longs et minutieux calculs, elle n'aurait consisté qu'à creuser des tunnels en priant pour que l'ensemble tienne bon. Construire des galeries qui ne risquaient pas de s'effondrer, d'être inondées, de s'enfoncer ou de devenir irrespirables représentait un véritable défi arithmétique qui, s'il n'était pas résolu, pouvait mettre des vies humaines en péril. »

 

Bon, c'est bien sûr le tome 4… Allez, une petite idée pour me faire offrir les tomes 1, 2 et 3 :-p

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7 février 2019 4 07 /02 /février /2019 13:57

 

Magnifique !

Dès les premiers mots, j'ai été prise par la poésie de l'auteur qui m'a alors envoûtée jusqu'au bout…

Quelle épopée que ce pèlerinage qui commence en 1095 et qui devient vite la toute première croisade. Une aventure incroyable, inhumaine, magnifique et sanglante.

 

Imaginez-vous, un pape, dans un champ, qui du haut d'une estrade va enflammer les peuples européens et leurs dirigeants en lançant une simple phrase : « Dieu le veut ». Et le peuple d'abord, les nobles et les chevaliers ensuite vont suivre comme un seul homme un chemin long, très long, truffé d'embûches, d'embuscades, de trahisons, de perfidie, de lâcheté, de loyauté et de courage pour enfin délivrer Jérusalem, la ville sainte par excellence.

Pourquoi me direz-vous, les réponses sont multiples. Beaucoup y sont allés en rémission de leurs innombrables péchés, le royaume de Dieu, le paradis, le rêve au bout d'une marche. D'autres se sont sentis investis par la vraie foi et ne pouvaient dès lors se dérober à cette tâche sacrée qu'était la délivrance de Jérusalem des mains des infidèles. Certains n'ont pas eu le choix et se sont retrouvés englués dans cette marée humaine aux aspirations les plus diverses. Et pour quelques-uns parmi les plus nobles, c'était la solution pour obtenir un royaume terrestre au bout du monde chrétien.

 

Un roman qui trouve sa source dans les chroniques de l'époque, chroniques qui sont toujours à prendre avec des pincettes car elles sont écrites pour la gloire et l'honneur de leurs commanditaires. C'est pourquoi l'auteur nous montre régulièrement le récit du soldat suivi de celui toujours édulcoré, souvent magnifié du chroniqueur qui pourtant suit la même route et dont l'objectif est clairement différent.

 

Une plume qui touche par la justesse des mots, par la richesse des sensations éprouvées, par l'analyse des sentiments et de la foi qui évoluent au fil des massacres. La barbarie se montre ici sous son vrai jour, et qu'on ne s'y trompe pas, les chrétiens sont bien les pires qui pour asseoir leur pouvoir n'hésitent pas à massacrer allègrement juifs, Grecs et infidèles ; femmes, vieillards et enfants.

 

Et la question de Dieu finit par se poser et les rêves, parfois éveillés, nous éclairent de bon sens...

 

« Aujourd'hui je m'occupe des plantes, demain je serai l'humus dont elles tireront une vigueur nouvelle. La terre se moque du bien ou du mal qu'on a pu faire ; au-dessus de l'homme bon et au-dessus de l'homme cruel poussent les mêmes épis. Peut-être, pour les blés qui ploient dans le vent, tous les humains sont-ils pareillement justes ? »

 

« Tout ce qui se rattache au mot écrit me fascine : les majuscules aux couleurs vives, les rubans de cuir qu'on noue autour des codex, le bruit de la plume sur le parchemin. »

 

« Je ne comprends d'ailleurs pas d'où ils sortent, ces poux. Dès qu'on déclare la guerre quelque part, ils rappliquent tous comme un seul homme. Comme si c'était eux les guerriers le plus valeureux. »

 

« Tout est hasard, pensai-je. La naissance est un hasard, la bravoure est un hasard, la fuite est un hasard, rester en place est un hasard, survivre est le hasard de tous les hasards. C'est tout. »

 

Mon premier coup de cœur 2019 :-)

 

Pour info : D'après certaines sources, sur 60 000 hommes qui partirent pour cette croisade, après 3 ans d'épreuves et 5000 km parcourus, il y eut seulement 13 000 survivants. Ne sont pas inclus les 12 000 civils, femmes et enfants de la croisade populaire qui furent massacrés par les Turcs.

De plus, ces chiffres ne prennent pas en compte les juifs massacrés en Europe avant le départ du pèlerinage comme une mise-en-bouche de la boucherie à venir ni les nombreux 'infidèles' tombés lors de ce terrible et meurtrier périple…

 

Un tout grand merci à Babelio et aux éditions Sémaphores pour ce magnifique et beau roman reçu lors de la dernière Masse Critique.

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