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13 février 2019 3 13 /02 /février /2019 16:32

 

Magnifique !

Quelle fresque époustouflante que ce Paris autour du 4 mai 1897, date de l'incendie du Bazar de la Charité si prisé par ces Dames de la haute société soit pour y tenir un comptoir soit pour s'y faire voir.

Quelle plume flamboyante qui en quelques traits nous plonge dans l'horreur la plus noire où le courage et l'abnégation des uns côtoient la lâcheté et l'ignominie des autres.

Quelle société que ce monde aristocratique où la sécheresse de cœur semble une vertu, où la liberté des femmes se déploie dans une hypocrisie bienfaisante et bien pensante, où la religion cache une ivresse de pouvoir et de vengeance, où la médecine même s'allie à l'Homme pour briser en toute impunité les plus fragiles.

Quelle personnage enfin que la Duchesse d'Alençon, enfant sauvage et ivre de liberté comme sa sœur Sissi, qui sera sa vie durant emprisonnée dans le carcan de la Société, dont la lumière intérieure sera étouffée par cette médecine si particulière des aliénistes et qui ne pourra alors retrouver un semblant de vie que dans un dévouement excessif et quasi morbide aux personnes les plus pauvres, les plus malades, les plus contagieuses…

 

Un roman où l'amour transcende les plus grandes bassesses, les pires méchancetés, l'intolérance et le mépris.

Un roman d'une grande humanité où l'Histoire se retrouve au fil des pages dans ces coupures de journaux qui pendant les semaines qui ont suivi l'incendie ont maintenu Paris et une grande partie de l'aristocratie de l'époque en grand deuil.

 

« Si ces vertueuses dames patronnesses ne visaient pas à panser les plaies d'une société foncièrement inégalitaire, elles s'employaient à en apaiser les convulsions et à faire accepter aux pauvres l'injustice de leur destin. »

 

« Elles jaillirent comme accouchées par les flammes, deux formes titubantes et dansantes, flambant dans leurs vêtements, hurlant le plus vieux hurlement de la terre, torturées jusque dans leur âme. Le feu les étreignit encore pour quelques pas de valses forcée, riant de leur calvaire, avant de les rejeter sur l'herbe, tous leurs cris consumés, leurs faces noirâtres crispées dans un dernier rictus qui n'en finissait pas, bras repliés le long de leurs corps rongés jusqu'à la cendre. »

 

« S'il était irréel qu'une créature aussi raffinée que l'homme pût frire comme une côte de bœuf, le voir de ses propres yeux, c'était mordre par surprise dans le fruit de l'arbre de la connaissance. »

 

« Sa haute silhouette cassée par la scoliose transpirait la passion avaricieuse du pouvoir, l'ivresse de l'ascendant sur les autres, cette vengeance de son être contrefait réparant l'humiliation d'avoir été écartée de la vie mondaine qui lui était due. »

 

« Pour les hommes, le risque infectieux venait de la luxure. Pour les femmes, de ce christianisme qui ordonnait d'aimer les pauvres. Plus la peur des pauvres asphyxiait le haut de la société, creusant l'abîme entre les hôtels particuliers et les taudis, et plus l'injonction de charité se faisait impérieuse, tyrannique. »

 

Difficile de critiquer un tel ouvrage, il faut juste le lire :-)

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7 février 2019 4 07 /02 /février /2019 13:57

 

Magnifique !

Dès les premiers mots, j'ai été prise par la poésie de l'auteur qui m'a alors envoûtée jusqu'au bout…

Quelle épopée que ce pèlerinage qui commence en 1095 et qui devient vite la toute première croisade. Une aventure incroyable, inhumaine, magnifique et sanglante.

 

Imaginez-vous, un pape, dans un champ, qui du haut d'une estrade va enflammer les peuples européens et leurs dirigeants en lançant une simple phrase : « Dieu le veut ». Et le peuple d'abord, les nobles et les chevaliers ensuite vont suivre comme un seul homme un chemin long, très long, truffé d'embûches, d'embuscades, de trahisons, de perfidie, de lâcheté, de loyauté et de courage pour enfin délivrer Jérusalem, la ville sainte par excellence.

Pourquoi me direz-vous, les réponses sont multiples. Beaucoup y sont allés en rémission de leurs innombrables péchés, le royaume de Dieu, le paradis, le rêve au bout d'une marche. D'autres se sont sentis investis par la vraie foi et ne pouvaient dès lors se dérober à cette tâche sacrée qu'était la délivrance de Jérusalem des mains des infidèles. Certains n'ont pas eu le choix et se sont retrouvés englués dans cette marée humaine aux aspirations les plus diverses. Et pour quelques-uns parmi les plus nobles, c'était la solution pour obtenir un royaume terrestre au bout du monde chrétien.

 

Un roman qui trouve sa source dans les chroniques de l'époque, chroniques qui sont toujours à prendre avec des pincettes car elles sont écrites pour la gloire et l'honneur de leurs commanditaires. C'est pourquoi l'auteur nous montre régulièrement le récit du soldat suivi de celui toujours édulcoré, souvent magnifié du chroniqueur qui pourtant suit la même route et dont l'objectif est clairement différent.

 

Une plume qui touche par la justesse des mots, par la richesse des sensations éprouvées, par l'analyse des sentiments et de la foi qui évoluent au fil des massacres. La barbarie se montre ici sous son vrai jour, et qu'on ne s'y trompe pas, les chrétiens sont bien les pires qui pour asseoir leur pouvoir n'hésitent pas à massacrer allègrement juifs, Grecs et infidèles ; femmes, vieillards et enfants.

 

Et la question de Dieu finit par se poser et les rêves, parfois éveillés, nous éclairent de bon sens...

 

« Aujourd'hui je m'occupe des plantes, demain je serai l'humus dont elles tireront une vigueur nouvelle. La terre se moque du bien ou du mal qu'on a pu faire ; au-dessus de l'homme bon et au-dessus de l'homme cruel poussent les mêmes épis. Peut-être, pour les blés qui ploient dans le vent, tous les humains sont-ils pareillement justes ? »

 

« Tout ce qui se rattache au mot écrit me fascine : les majuscules aux couleurs vives, les rubans de cuir qu'on noue autour des codex, le bruit de la plume sur le parchemin. »

 

« Je ne comprends d'ailleurs pas d'où ils sortent, ces poux. Dès qu'on déclare la guerre quelque part, ils rappliquent tous comme un seul homme. Comme si c'était eux les guerriers le plus valeureux. »

 

« Tout est hasard, pensai-je. La naissance est un hasard, la bravoure est un hasard, la fuite est un hasard, rester en place est un hasard, survivre est le hasard de tous les hasards. C'est tout. »

 

Mon premier coup de cœur 2019 :-)

 

Pour info : D'après certaines sources, sur 60 000 hommes qui partirent pour cette croisade, après 3 ans d'épreuves et 5000 km parcourus, il y eut seulement 13 000 survivants. Ne sont pas inclus les 12 000 civils, femmes et enfants de la croisade populaire qui furent massacrés par les Turcs.

De plus, ces chiffres ne prennent pas en compte les juifs massacrés en Europe avant le départ du pèlerinage comme une mise-en-bouche de la boucherie à venir ni les nombreux 'infidèles' tombés lors de ce terrible et meurtrier périple…

 

Un tout grand merci à Babelio et aux éditions Sémaphores pour ce magnifique et beau roman reçu lors de la dernière Masse Critique.

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10 juin 2018 7 10 /06 /juin /2018 16:23

 

Je suis toujours sous le charme…

On change d'époque, on change de style et le résultat est magnifique.

La mode, c'est pas vraiment mon truc et pourtant, à la lecture de ce roman, je me suis, une fois de plus, retrouvée derrière mon ordinateur pour découvrir les tendances avant et après la Grande Guerre.

C'est là que l'auteure est géniale, elle n'invente pas, elle nous raconte une histoire vraie augmentée d'une belle histoire d'amour qui lui sert de trame.

Cerise sur le cadeau, de Paris, on se retrouve à Venise, berceau du créateur de la robe Fortuny, qui n'était réservée qu'à quelques femmes libérées avant guerre et qui a explosé après, comme un signe de renouveau libérateur.

Quel monde que ce milieu de la mode, un monde à part où la concurrence est rude et cruelle, où les nouveautés ne durent parfois que le temps de dire 'ouf' et où certains créateurs se retrouvent à l'apogée du milieu suite à un changement radical de société.

 

« N'importe quel imbécile est capable de faire des ronds de jambe diplomatiques et de rédiger des lettres, mais comme je vous l'ai déjà dit, la sculpture est un don de Dieu que vous n'avez moralement pas le droit de reléguer à l'arrière-plan. »

 

« C'étaient des hommes simples des campagnes qui, jusqu'à ce qu'ils aient été appelés sous les drapeaux, n'avaient jamais quitté leur village natal, souvent situé dans des contrées reculées où rien n'avait changé depuis des siècles. Ils ne comprenaient pas pourquoi la guerre avait éclaté et regrettaient leurs petits carrés de vigne et leurs fermes, autant que leurs femmes et leurs enfants. »

 

Et toujours pas de réédition en vue avant longtemps, Pocket n'a plus les droits et l'auteure est malheureusement décédée en 2012, c'est bien triste.

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23 mai 2018 3 23 /05 /mai /2018 09:52

 

Wouah, je n'ai qu'une seule envie maintenant, retourner à Venise et flâner tranquillement le long des canaux…

Venise, ville aux milles visages ; Venise, la patricienne aux multiples palais ; Venise, la musicienne toujours chantante ; Venise, la merveille où l'art règne en maître ; Venise, la vicieuse sous le masque du Carnaval ; Venise, la sanglante digne de Roméo et Juliette ; Venise, l'immortelle enfin qui toujours fait rêver.

Sur fond de cette ville unique et magique, l'auteure, toujours aussi bien documentée, nous fait vivre ici une haine séculaire et mortelle entre deux familles patriciennes que la musique finira par réconcilier après de multiples rebondissements.

Encore une fois une belle réussite, les personnages sont tellement vivants, les descriptions si parfaites, les situations si bien envisagées que l'on s'installe directement dans l'histoire jusqu'à en pleurer quand Bonaparte dilapide la cité et la réduit à merci en mettant un terme au temps des doges...

 

« La lumière ravissante de Venise jouait constamment sur ses marbres, les teintant d'opale, d'ivoire, d'ambre, de perle ou de rose profond, telle une artiste recherchant toujours un effet plus réussi que le précédent. »

 

« Comme s'il ne suffisait pas que le Carnaval repose sur l'illusion, ces maudites bautas permettent aux gens d'esquiver les conséquences de leurs actes pendant l'année entière ! Sans les masques, bien des infidélités, des vengeances crapuleuses et des actes infamants ne resteraient pas impunis. »

 

Quelle plume les amis, elle mériterait amplement une réédition car j'arrive au bout de mes ressources personnelles… Encore trois et puis, il ne me restera plus que la ressource des bouquinistes si j'ai de la chance :-p

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22 mai 2018 2 22 /05 /mai /2018 16:35

 

Et une fois encore la lecture m'a transportée, ou plutôt téléportée aux portes du Pavillon Royal à Brighton et ce, juste après la révolution française.

Quelle période cruelle où pour échapper à la mort, les nobles ainsi qu'une partie de leurs serviteurs ont dû fuir leurs domaines en abandonnant presque tous leurs biens.

La destination la plus proche, l'Angleterre, terre d'accueil pour ces naufragés qui ont tout perdu. Une terre d'accueil qui a quand même bien délesté ces pauvres gens dès leur arrivée sur la plage du peu qu'ils avaient gardé et qui a mis à profit ces temps difficiles pour récupérer une partie des trésors français via plusieurs bandes de contrebandiers plus ou moins célèbres.

L'auteur, super bien documentée, nous décrit avec beaucoup de détails les péripéties d'une jeune confiseuse française qui prend son destin en main malgré les nombreux dangers qui l'entourent.

Et le sucre coule à flot et se laisse travailler au fil des envies gourmandes, le chocolat fond doucement dans la bouche en l'enrobant d'une saveur douce amer, l'alcool de contrebande vient à point pour donner une saveur piquante aux pralines fruitées, et le Prince George, Prinny pour les intimes, si gourmand de belles et bonnes choses s'invite souvent dans le fil de cette belle aventure.

 

« Et l'on voyait partout des gens biens mis, au milieu de la foule ceux qui luttaient quotidiennement pour leur survie. »

 

Une plume vive et un peu magique pour une série d'aventures dignes d'un roman de cape et d'épée. J'ai adoré :-)

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20 mai 2018 7 20 /05 /mai /2018 10:30

 

Un tout bon roman qui retrace la vie d'un des plus grands ébénistes anglais, Thomas Chippendale.

D'une plume vive et précise, l'auteure super bien documentée, nous dessine au fil des pages les merveilles que cet homme visionnaire a laissé dans les plus belles résidences d'Angleterre. Et on s'y croit, on touche de près à la beauté du bois, on sent les différentes essences, on imagine « le meuble » parfait, on dessine alors du ciseau une dentelle d'acanthe dans le bois le plus noble et tout se fond alors dans un décors digne d'un roi.

Sur base de différents registres (registres paroissiaux, registres commerciaux, facturiers retrouvés aux archives, registres judiciaires et annales de la ville de Londres notamment), la vie de Thomas nous est ici comptée au rythme des documents retrouvés sur un fond romantique qui ne manque pas de piquant. Et bien, c'est pas mal du tout !

 

« Depuis qu'il était venu vivre à Kensington, il avait découvert que la solitude que l'on recherche parfois dans une vie de travail ne ressemble pas à celle qu'impose l'oisiveté forcée. »

 

Enfin, ma lecture s'est allongée considérablement vu le temps que j'ai passé sur internet pour concrétiser ma vision des œuvres de Mr Chippendale. Et je ne le regrette pas, ça vaut la peine d'être vu :-)

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18 mars 2018 7 18 /03 /mars /2018 17:10

 

Enfin fini… Long, beaucoup trop long, surtout les 300 premières pages truffées de répétitions. Et les répétitions, ça me tue ! C'est l'âge, je crois ;-)

C'est bien écrit, une plume riche et colorée, des personnages intéressants, parfois lassants (à cause des répétitions justement) et un fond magnifique. L'auteure vieillit mais pas ses idées, l'auteure vieillit et ses relectrices aussi manifestement !

Je suis face à une critique difficile, j'adore l'auteure, j'aime ses romans qui sont source de découvertes et surtout d'humanité, de l'histoire de l'humanité. Elle aborde des sujets géniaux comme la médecine et sa propagation, l'écriture et sa vulgarisation, le pouvoir et ses perversions. Elle écrit merveilleusement bien, tout en poésie, en délicatesse, en richesses documentaires en restant fidèle aux époques et aux civilisations.

Et pourtant là, je suis déçue juste à cause des répétitions de la première partie du roman alors que la fin est géniale...

 

« C'est alors que l'épée du soldat accomplit un terrifiant arc de cercle. La lame trancha le cou de ma mère aussi proprement que la faux une gerbe de blé. Sa tête vola, une expression de surprise figée sur ses traits. Le cheval de guerre poursuivit sa course et je regardai ma mère vêtue de blanc s'écrouler d'un bloc, telle une statue jetée à bas. »

 

« Sur cette terre, nous pouvons espérer et rêver, faire de notre mieux et nous aimer jusqu'au bout de nos forces, mais en ce qui concerne nos destinées et notre chemin, nous ne maîtrisons rien et sommes sans ressources. »

 

« Mais si vous ne mourrez pas, si vous combattez vaillamment et couvrez cette plaine de sang apirou, vous connaîtrez un retour triomphal en Egypte ! Vos mères et vos épouses hurleront de fierté et de joie, à en perdre la voix. Les femmes se jetteront sur vous, car vous serez les héros d'une grande conquête ! Elles voudront coucher avec vous, voudront votre semence entre leurs jambes, car vous serez les plus braves d'entre les braves ! »

 

Pas simple de faire une critique, j'ai traîné tout le début du roman comme un boulet et les cent dernières pages se sont lues d'une traite tant elles étaient riches en émotions et événements. Cent pages en moins, c'était un nouveau coup de cœur pour cette auteure qui mérite largement le détour !

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15 janvier 2018 1 15 /01 /janvier /2018 14:07

 

Il y a déjà très longtemps de cela, dans ma tendre adolescence, j'ai lu avec grand plaisir l'histoire d'Angélique, Marquise des Anges. Et c'est avec tout autant de plaisir, que quarante ans plus tard, j'ai relu la série jusqu'à ce tome que je ne connaissais pas.

Pour les onze volumes précédents, j'ai fait ma paresseuse, j'ai profité de mes lectures et me suis abstenue d'en faire des critiques, ça m'a semblé du coup beaucoup plus léger, beaucoup moins stressant. C'était cool ;-)

L'année commence, le challenge multi-défi aussi, alors ma période de libre lecture va laisser le pas à un regard plus appliqué et plus critique.

La vie aventureuse et amoureuse d'Angélique est toujours aussi prenante, le fond reste super bien documenté et forme alors un canevas des plus serrés pour intégrer l'histoire dans l'Histoire. J'ai adoré la ville de Québec au temps de Louis XIV, une ville bouillonnante l'été, trépidante en automne, méchamment frivole en hiver et reconnaissante au printemps.

Une ville où l'hiver prend la part du lion, une ville qui se referme alors sur elle-même dans la neige, dans un manteau de glace et qui frémit des commérages, des radotages, des médisances qui seuls peuvent encore la faire un peu bouger. Une petite ville qui s'enivre alors d'alcool, de fêtes, de feux de bois, de bonnes ripailles et d'aventures galantes.

L'histoire reste donc toujours des plus plaisantes à découvrir !

En ce qui concerne le style, là, j'ai eu un peu de mal… Beaucoup de répétitions et j'ai horreur de cela. Je passe sur celles qui expliquent un point du passé pour ceux qui n'ont pas, comme moi, relu l’entièreté de la saga mais les répétitions répétitives dans chaque chapitre, et bien, comme d'habitude, ça m'a un peu gonflé !

Un peu triste car je n'avais pas remarqué cela dans les volumes précédents et ça peut, je crois, s'expliquer par le décès d'un des auteurs.

 

« La potée militaire répandait une odeur savoureuse. A cette heure, les plus appétissants effluves se mêlaient aux relents des feux de bois. Les rôtisseries annonçaient volailles et gibier, tourtes et pâtisseries. Les parfums des soupes et des ragoûts variés se glissaient par les interstices des portes et fenêtres lorsqu'on passait au long des rues devant les habitations bien closes, mais à l'intérieur desquelles résonnait un bruit actif de cuillères d'étain contre les écuelles. »

 

« Mourir dans les tourments les plus atroces par les mains de l'ennemi le plus haï et le plus courageux était le rêve de tout guerrier. »

 

Je ne vais bien sûr pas en terminer là, reste deux volumes à découvrir pour achever cette belle saga qui finalement n'a pas trop mal vieilli ;-)

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11 novembre 2017 6 11 /11 /novembre /2017 16:25

 

Répéter toutes les trois pages que l'amitié entre les deux hommes, chevaliers des temps anciens, était profonde et n'arrêtait pas de grandir, ça m'a pompé !

Et je ne parle pas bien sûr des nombreuses références à son enfance dans la nature qui lui a permis de se fondre dans la masse soldatesque ou indienne.

Et je ne vais pas vous raconter non plus ce calvaire d'un jeune garçon privé de rôles masculins, juste entouré d'une horde féminine et qui découvre un père adoptif et aimant en même temps que l'Amérique.

Je n'aime définitivement pas les redites sauf si cela apporte un style à l’œuvre ce qui n'est pas le cas ici !

Pauvre Lafayette, entre le gnangnantisme de PPDA dans « J'ai aimé une reine » et le cours d'histoire à la romance redondante de l'auteure, notre homme n'est pas vraiment mis en valeur !

Et pourtant, quelle joie je me faisais de lire et critiquer cet ouvrage. Une correspondance, respectée dans le texte, j'adore. J'aime les anciennes tournures, les envolées lyriques et poétiques, les grands sentiments et aussi la manipulation épistolaire qui est parfois bien dissimulée. Malheureusement ici, je n'ai eu droit qu'à des extraits, assez nombreux, c'est vrai mais entrecoupés de l'énumération académique des opérations militaires durant les différentes campagnes américaines pour l'indépendance et de l'analyse unique et mainte fois répétées des bons sentiments des deux protagonistes.

Le fond historique m'a bien évidemment passionné même si j'ai regretté le déficit de cartes pour bien montrer les différents mouvements de troupes et surtout, l'absence de l'échange épistolaire complet auquel je m'attendais suite à ma lecture en quatrième de couverture.

La forme par contre m'a vraiment déçue. Comme ce n'est pas vraiment un cours d'histoire, ça manque de rigueur ; comme ce n'est pas un recueil épistolaire, ça m'a manqué tout court ; comme ce n'est pas un roman, ça manque de style…

Terminons par une touche positive, la couverture est magnifique.

 

Pour mieux comprendre un homme, rien de tel que ses propres mots, voici comment Lafayette voit l'avenir de l'Amérique :

« Le bonheur de l'Amérique est intimement lié au bonheur de toute l'humanité ; elle va devenir le respectable et sûr asile de la vertu, de l'honnêteté, de la tolérance, de l'égalité et d'une tranquille liberté. »

Il doit se retourner dans sa tombe...

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20 octobre 2017 5 20 /10 /octobre /2017 08:04

 

Et voilà, une fois encore, l'auteure m'a fait saliver…

Je me suis régalée, j'ai savouré chaque gorgée de cette débauche de mets colorés et raffinés.

Que de recherches et quelle passion aussi pour partager avec nous l'histoire de la table, l'histoire de la cuisine et aussi, les chamailleries entre les différents échelons de la hiérarchie culinaire.

Pour avoir de bons fruits, de beaux et savoureux légumes, il faut un verger et un potager où la jardinier est maître.

Pour confectionner des mets aux saveurs sans cesse renouvelées, il faut un bon cuisinier et sa batterie de marmitons.

Pour faire passer les messages, les envies du royal palais, un majordome discipliné.

Et parfois les envies rencontrent un impondérable qui débouche alors sur un monde moins civilisé fait de jalousie, de convoitise, de rancœur et de bêtises aussi…

Et c'est avec une plume pleine d'entrain et de drôlerie que l'auteure aborde aussi les différences culinaires entre la France, la Hollande et l'Angleterre. Ainsi, se contenter toute sa vie de harengs accompagnés de pain, de beurre et de bière, c'est un peu limitatif même si les peintres bataves compensent ce manque d'imagination en cuisine en brossant d'admirables natures mortes culinaires ;-) Et je ne vais pas parler de la cuisine anglaise qui a bien sûr ses propres particularités qui sont parfois des plus surprenantes aussi bien au temps de Louis XIV qu'aujourd'hui.

 

« On ne s'ennuie pourtant jamais à table. C'est de tous les temps celui qui passe et coule le plus doucement. »

 

« Tout d'abord, le nez était sous le charme d'une odeur chaude et musquée. Les papilles, ensuite, se délectaient de saveurs qui, de fortes, se faisaient douces et subtiles. Le gras du canard était tempéré par le croquant de la peau, la suavité des dattes avivée par le citron. La pistache et la cannelle faisaient danser les goûts. »

 

« Selon Galilée, la nature est écrite en langage mathématique. On peut donc en déduire que le jardin est une science. La raison doit gouverner l'esprit, c'est pourquoi le jardinier doit être savant et avoir un bon entendement. Ses outils ne sont pas seulement le râteau et l'arrosoir, mais aussi le niveau à lunette, l'équerre, la toise, le cordeau. »

 

« Ah la laitue ! Elle est, et a toujours été, la reine de la tribu des salades. Elle prévient la fièvre, apaise la soif, excite l'appétit, calme la douleur. Elle a aussi des effets bénéfiques sur la moralité, la tempérance et la chasteté. »

 

Comme toujours, l'auteure nous gâte en fin de roman de quelques recettes d'époque et clairement, le canard à l'arabesque et le lapin en ragoût me font de l’œil.

Pas difficile finalement de me contenter en lecture, un morceau d'histoire, un régal culinaire, un poème de couleurs, des effluves variées et pour terminer, une enquête assez marrante sur base d'un beau melon, rien que du plaisir donc.

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