Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 octobre 2017 5 13 /10 /octobre /2017 10:21

 

Wouah, j'en ai froid dans le dos et ça n'a rien à voir avec la grisaille du ciel.

Déjà la préface interpelle par sa force, sa réalité, sa surprenante projection tellement d'actualité.

Et le roman commence et on ne peut plus s'en détacher. On est complètement absorbé par ce conte noir qui décrit au plus près ce que doucement on vit maintenant…

Classiques de plus en plus concis, réduits à leur plus simple expression, transformés en BD pour la culture de masse.

Infos de plus en plus lapidaires, concentrés de peur et d'anxiété pour assommer le bon peuple.

Bling-bling à vaux l'eau, pour étourdir, éblouir et endormir.

Sports à toutes heures, sports partout, tout le temps, pour anesthésier une population béate.

Publicités colorées et chantées, chaque âge son créneau, pour l'illusion de l'immortalité.

Jeux de lettres, jeux de chiffres, jeux de savoir, pour créer l'illusion d'une culture populaire.

Bruits et mouvements, alertes et nouveautés, un monde qui se vide de sa substance, un monde sans humanité.

Le tout-numérique, l'éducation au plus bas, la culture négligée, la socialisation réduite aux réseaux sociaux et aux oreilles collées aux gsm, alerte, alerte, il est temps de changer de cap !

 

« Une tornade de sons jaillissait des murs. La musique le bombardait avec une telle violence qu'il en avait les tendons qui se décollaient presque des os ; il sentait sa mâchoire vibrer, ses yeux trépider dans sa tête. Il était comme commotionné. A la fin, il avait l'impression d'avoir été jeté du haut d'une falaise, emporté dans une centrifugeuse puis recraché dans une cascade qui tombait interminablement dans un vide interminable sans jamais… toucher… tout à fait… le fond… et on tombait si vite qu'on ne touchait pas non plus les côtés… qu'on ne parvenait jamais… à toucher… vraiment… quoi que ce soit. »

 

« Condensés de condensés. Condensés de condensés de condensés. La politique ? Une colonne, deux phrases, un gros titre ! Et tout se volatilise ! La tête finit par vous tourner à un tel rythme sous le matraquage des éditeurs, diffuseurs, présentateurs, que la force centrifuge fait s'envoler toute pensée inutile, donc toute perte de temps ! »

 

« Organisez et organisez et super-organisez de super-super-sports. Encore plus de dessins humoristiques. Plus d'images. L'esprit absorbe de moins en moins. Impatience. Autoroutes débordantes de foules qui vont quelque part, on ne sait où, nulle part. L'exode au volant. Les villes se transforment en motels, les gens en marées de nomades commandées par la lune, couchant ce soir dans la chambre ou vous dormiez à midi et moi la veille. »

 

« On doit tous être pareil. Nous ne naissons pas libres et égaux, comme le proclame la Constitution, on nous rend égaux. Chaque homme doit être l'image de l'autre, comme ça tout le monde est content ; plus de montagnes pour les intimider, leur donner un point de comparaison. Conclusion ! Un livre est un fusil chargé dans la maison d'à côté. Brûlons-le. Déchargeons l'arme. Battons en brèche l'esprit humain. »

 

Les hommes politiques ne sont que ce que nous voulons qu'ils soient et c'est bien là le pire. Nous voulons du bonheur, sans savoir ce qu'est le bonheur et eux, vont nous le dispenser en nous isolant dans notre petite bulle numérique agrémentée de quelques vacances bien organisées, de stupides télé-réalités, le tout au son de publicités bien rythmées et de soirées sportives bien arrosées…

Wouah, j'en ai froid dans le dos car c'est super bien écrit, c'est poétique et tellement réaliste.

Partager cet article
Repost0

commentaires